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Tensions commerciales Chine-UE : le secteur du luxe européen sous surveillance, mais une escalade ciblant les marques semble peu probable

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Paris, le 10 octobre 2024 –

Estimated reading time: 4 minutes

Les actions des géants européens du luxe, parmi lesquels Hermès, LVMH et Kering, ont récemment connu une chute significative, reflétant les craintes des investisseurs quant aux répercussions potentielles des tensions commerciales entre l’Union européenne et la Chine.

La décision de Bruxelles d’imposer des droits de douane sur les véhicules électriques chinois, face à des accusations de pratiques commerciales déloyales, a soulevé la question de savoir si Pékin pourrait riposter en ciblant les produits phares des grandes maisons de luxe européennes.

Cependant, selon plusieurs analystes, une telle mesure semble peu probable.

La Chine, bien qu’elle ait déjà adopté des mesures contre des produits emblématiques tels que le brandy et le porc, reste largement dépendante de la demande intérieure pour soutenir la croissance de ses industries du luxe.

Patrice Nordey, PDG de Trajectry, cabinet de conseil basé à Shanghai, estime que « Pékin a peu d’intérêt à s’attaquer au secteur du luxe, qui génère d’importantes recettes fiscales et favorise la consommation domestique ».

L’Inquiétude des Marchés

Les marchés financiers européens, sensibles aux mouvements politiques et économiques de la Chine, ont rapidement réagi à la simple menace de rétorsions potentielles.

Les actions de LVMH, Hermès et Kering ont ainsi enregistré des baisses comprises entre 2 % et 6 % après l’annonce de nouvelles mesures antidumping par Pékin concernant les importations de brandy. Bien que les investisseurs se soient inquiétés de voir les produits de luxe devenir la prochaine cible, la réalité pourrait être plus nuancée.

Jacques Roizen, directeur général chez Digital Luxury Group, souligne que « le luxe en Chine est une force économique stratégique », rappelant que Pékin a historiquement encouragé la consommation de produits haut de gamme locaux. Il cite en exemple l’essor de Hainan, devenu un centre majeur de commerce hors taxes, illustrant la volonté de la Chine de maintenir les dépenses de luxe à l’intérieur de ses frontières. «!– /wp:paragraph –>

Un Marché Indispensable

La Chine, malgré son ralentissement économique, reste le premier marché mondial du luxe.

Jelena Sokolova, analyste chez Morningstar, estime que le marché chinois représentera environ 35 % de la demande mondiale de produits de luxe cette année. « Même la simple menace de tarifs douaniers ou d’une hausse des taxes sur les biens de luxe pourrait porter un coup sévère aux conglomérats européens », précise-t-elle.

En 2023, les importations de produits de luxe européens en Chine ont atteint 12 milliards de dollars, dont une part importante provient de maisons comme LVMH, qui a vu ses expéditions de cognac Hennessy dépasser 1,7 milliard de dollars.

Cette dépendance économique mutuelle rend difficile l’escalade d’un conflit commercial généralisé entre l’UE et la Chine.

Comme l’explique Albert Hu, professeur d’économie à la China Europe International Business School de Shanghai, « ni l’UE ni la Chine ne souhaitent un conflit de grande ampleur qui nuirait aux deux parties ». La Chine a jusqu’ici ciblé des secteurs stratégiques mais limités, évitant soigneusement une guerre commerciale totale.

Perspectives à Court Terme

Alors que les tensions entre l’UE et la Chine pourraient continuer d’évoluer, il semble que les produits de luxe, bien que vulnérables aux fluctuations du marché, ne soient pas immédiatement menacés par des mesures de représailles.

La nature même de l’industrie du luxe, avec ses marges élevées et son rôle symbolique, rend difficile l’imposition de tarifs ou de mesures antidumping, selon Sokolova : « Il est difficile de justifier des mesures de rétorsion contre des sacs à main à 2 000 dollars. »

En définitive, la prudence reste de mise.

Les grands conglomérats du luxe européens devront continuer à naviguer dans un environnement géopolitique incertain, mais l’appétit insatiable des consommateurs chinois pour les produits haut de gamme pourrait bien s’avérer être leur meilleur rempart contre une guerre commerciale totale.

Pourquoi les actions des grandes maisons de luxe européennes ont-elles chuté ?


Les actions des géants du luxe comme LVMH, Hermès, et Kering ont chuté en raison des craintes des investisseurs face à de potentielles représailles de la Chine.
Suite à la décision de l’Union européenne d’imposer des droits de douane sur les véhicules électriques chinois, des inquiétudes ont émergé concernant une possible escalade affectant les produits de luxe européens.

  • Crédit photographie : Louis Vuitton
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