Paris, le 29 janvier 2025 –
Estimated reading time: 4 minutes
Rémy Cointreau voit ses ventes reculer de 18 % sur l’ensemble de l’année, un signe supplémentaire des difficultés rencontrées par le segment des spiritueux haut de gamme, alors que les consommateurs américains se détournent des produits coûteux et que le ralentissement économique en Chine pèse sur la demande.

Le producteur français de cognac s’attend à ce que la contraction de son chiffre d’affaires dépasse ses prévisions initiales, avec un recul anticipé supérieur à 15 % sur ses produits biologiques.
Ces perspectives s’inscrivent dans un contexte plus large de tensions pour le marché des vins et spiritueux.
LVMH a récemment annoncé une baisse de 11,6 % des ventes de sa division spécialisée, mettant en évidence une demande atone sur un segment qui avait bénéficié d’une forte croissance post-pandémie.
Le groupe de luxe observe néanmoins des signes de stabilisation, suggérant une reprise progressive d’ici deux ans.
L’incertitude persistante autour du secteur a pesé sur les marchés financiers.
L’action Rémy Cointreau a chuté de 4,1 % en début de séance à Paris et affiche un repli de près de 39 % sur les douze derniers mois.
L’impact du ralentissement économique et des tensions commerciales
La pression inflationniste et la hausse du coût de la vie ont freiné les achats de spiritueux premium, notamment aux États-Unis, où la normalisation des stocks se fait progressivement après une accumulation excessive en 2022 et 2023.
En Chine, la situation est aggravée par la politique de Pékin en matière de tarifs douaniers.
La décision d’imposer des droits antidumping sur le brandy importé d’Europe a directement affecté les ventes de Rémy Cointreau, dont l’Asie reste un marché stratégique.
Au troisième trimestre fiscal, le groupe a enregistré une baisse organique de 21,5 % de ses ventes, un chiffre légèrement meilleur que les prévisions des analystes.
Le cognac, cœur de métier de la maison, reste sous pression, mais des signes de stabilisation émergent en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, notamment grâce à une croissance soutenue au Royaume-Uni.

Une stratégie axée sur la préservation des marges
Contrairement à certains concurrents, Rémy Cointreau a fait le choix de ne pas baisser ses prix pour soutenir la demande, préférant protéger ses marges et adapter sa structure de coûts. Le groupe a annoncé un nouveau plan d’économies de 50 millions d’euros, en complément des mesures déjà dévoilées lors de ses résultats semestriels.
Les ventes en ligne sur les plateformes chinoises T-Mall et JD.com ont progressé de plus de 10 % lors d’événements promotionnels clés, tels que le Singles’ Day et le Super Brand Day, signalant une résilience de la consommation digitale en Asie.
Si les résultats de l’entreprise dépassent légèrement les attentes, les perspectives restent incertaines. Selon les analystes de Jefferies, les prévisions prudentes du groupe pourraient maintenir une pression sur le titre.
Toutefois, certains experts du secteur, dont Trevor Stirling chez Bernstein, estiment que l’amélioration attendue au quatrième trimestre et une dynamique de marché « moins négative » pourraient offrir une bouffée d’oxygène au groupe.
Reste à voir si Rémy Cointreau saura naviguer à travers ce cycle difficile sans compromettre son positionnement premium, alors que le secteur du luxe traverse une période de réajustement.
La baisse des ventes de Rémy Cointreau est principalement due à la prudence des consommateurs américains face aux spiritueux haut de gamme, à un ralentissement économique en Chine et à l’impact des droits de douane imposés par Pékin sur le brandy européen.
Crédit photographie : Rémi Cointreau
Crédit graphiques financier : Rémi Cointreau
Opportunité de carrière M&M : Talents
Pour recevoir des insights exclusifs sur les tendances et innovations du secteur du luxe, abonnez-vous à notre newsletter M&M
Conçue pour les cadres dirigeants, elle constitue une ressource incontournable pour alimenter vos réflexions stratégiques et vous positionner en acteur clé du luxe