Paris, le 19 juin 2025 –
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Le ralentissement tant redouté du secteur du luxe est désormais chiffré.
Selon l’étude semestrielle de Bain & Company et Altagamma présentée à Milan, le marché mondial des produits de luxe personnels a reculé de 1 % en 2024, atteignant 364 milliards d’euros contre 369 milliards l’année précédente.
Ce repli, inédit depuis la crise financière de 2008 – hors COVID – survient dans un climat d’incertitude géopolitique, de pression sur les prix et de désalignement croissant entre marques et clientèles.
Des perspectives 2025 incertaines, mais pas catastrophiques
Les analystes de Bain avancent trois scénarios pour l’année en cours, dont le plus probable (60 %) table sur une contraction de 2 à 5 %.
Un rebond modéré reste envisageable, mais limité à une fourchette de +2 %, tandis qu’un scénario plus pessimiste (baisse jusqu’à -9 %) demeure marginal mais plausible.
Cette inflexion s’inscrit dans un cycle où les performances des marques se polarisent fortement.

Une croissance fracturée selon les régions
La Chine continentale et les États-Unis, moteurs traditionnels de la croissance, montrent des signes d’essoufflement.
La classe moyenne chinoise se contracte, fragilisée par un ralentissement prolongé, tandis que la consommation américaine est rendue volatile par les tensions douanières.
À l’inverse, le Moyen-Orient (notamment l’Arabie saoudite, les Émirats et le Qatar), l’Amérique latine (Mexique, Brésil) et l’Asie du Sud-Est (Singapour, Indonésie) affichent des croissances robustes, tirées par une nouvelle clientèle internationale et un tourisme haut de gamme.
En Europe et au Japon, la croissance repose sur la joaillerie, le prêt-à-porter et les éditions limitées, tandis que les articles de seconde main, notamment les bijoux, connaissent un regain d’intérêt.
Les catégories produits sous pression
La maroquinerie, les chaussures et les montres subissent un ralentissement, pénalisées par une dépendance accrue aux lancements créatifs.
À l’inverse, les bijoux, les lunettes et les parfums affichent une bonne tenue. Le segment du maquillage décline, tandis que les soins stagnent.
Selon Claudia D’Arpizio (Bain), 45 à 50 % des consommateurs interrogés dénoncent une inflation des prix injustifiée, et près d’un tiers pointent une « créativité en berne ».
Elle appelle à une remise en question stratégique : « La créativité est un outil essentiel, mais ne peut se substituer à une vision de marque cohérente. »
Vers un nouveau contrat de désirabilité
Face à un environnement plus complexe, les analystes insistent sur la nécessité de renouer avec l’aspiration, non par l’ostentation, mais via la pertinence.
L’expérience client, la qualité produit, la maîtrise des prix d’entrée et l’alignement avec les valeurs de durabilité et d’inclusivité sont mis en avant comme leviers de réengagement.
La clientèle fortunée, dont le nombre a progressé de 20 % en cinq ans, reste le socle de résilience du secteur.
Mais l’étude avertit : la concentration excessive sur les ultra-riches pourrait accélérer l’érosion de la base de consommateurs fidèles si les marques ne veillent pas à élargir leur portée de manière intelligente et responsable.
Pressions géopolitiques (Chine, États-Unis, Iran), inflation, crise du duty-free et des grands magasins, fatigue des prix et perte de lien émotionnel avec certaines clientèles.
Crédit photographie : © Gucci
Crédit graphique : M&M
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