Paris, le 27 décembre 2024 –
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2024 s’est imposée comme une année d’épreuves pour le secteur du luxe et ses principaux protagonistes.
Les fortunes personnelles combinées de Bernard Arnault (LVMH), Françoise Bettencourt Meyers (L’Oréal) et François Pinault (Kering) ont reculé de 70 milliards de dollars cette année, marquant un tournant historique dans un secteur longtemps perçu comme inébranlable.
Une année à oublier pour les géants du luxe
La baisse de la demande mondiale en produits de luxe et de beauté a frappé durement les trois grands groupes français.
LVMH, leader mondial du secteur, a vu son fondateur, Bernard Arnault, chuter au cinquième rang de l’indice Bloomberg des milliardaires.
Il affiche une perte record de 31 milliards de dollars en 2024, plus que tout autre individu dans ce classement.
Françoise Bettencourt Meyers, héritière de L’Oréal et ancienne femme la plus riche du monde, a également vu sa fortune se contracter de manière significative, perdant à la fois son titre de femme la plus riche et le seuil historique des 100 milliards de dollars atteint l’année précédente.
Quant à François Pinault, sa fortune a chuté de 64 % à 22 milliards de dollars par rapport à son pic d’août 2021, en grande partie à cause des défis structurels rencontrés par Gucci, principal moteur de Kering.
Les causes d’une crise inédite
Plusieurs facteurs ont convergé pour provoquer cette année noire.
La demande chinoise, autrefois moteur incontournable du secteur, a fortement ralenti.
Les consommateurs, fatigués d’un « luxe de revanche » nourri par les confinements pandémiques, ont réduit leurs dépenses sur des catégories clés comme la maroquinerie et les soins personnels.
La situation politique instable en France a également pesé.
La chute du gouvernement de Michel Barnier a renforcé les incertitudes économiques, dissuadant les investisseurs internationaux.
Enfin, des changements stratégiques chez Gucci n’ont pas encore porté leurs fruits, alors que l’entreprise lutte pour reconquérir sa clientèle avec une nouvelle direction.
« Le consommateur chinois était censé être le moteur de la croissance en 2024, mais cela ne s’est pas concrétisé », observe Ariane Hayate, gérante de fonds chez Edmond de Rothschild Asset Management. Elle souligne aussi une « normalisation » des dépenses, loin des excès des années précédentes.
Hermès, une performance exemplaire
Dans ce contexte difficile, Hermès fait figure d’exception.
La maison de luxe axée sur l’artisanat et la rareté de ses produits a réussi à afficher une croissance de 18 % depuis le début de l’année, grâce à une clientèle aisée et fidèle.
Son action a progressé d’environ 19,61 % sur l’année, atteignant un sommet de 2 436,00 €. « Les marges élevées d’Hermès reflètent l’excellence de ses produits, » explique Andrea Tueni, responsable des ventes chez Saxo Banque France.
Des signes d’optimisme pour 2025
Malgré les pertes colossales, des lueurs d’espoir émergent.
Les ventes en Chine montrent des signes de stabilisation, tandis que les marchés américains, portés par un regain de confiance post-élections, enregistrent une légère reprise.
Selon HSBC, le troisième trimestre de 2024 pourrait marquer le point bas pour le secteur.
Par ailleurs, Amundi SA a lancé un ETF spécialisé dans les valeurs du luxe, misant sur l’émergence de la classe moyenne dans les marchés émergents et une demande soutenue pour les produits haut de gamme. « La technologie a dominé cette année, mais le luxe pourrait faire son retour en 2025 », prédit Hayate.
Vers un rebond progressif
Alors que 2024 se termine sur une note amère, le secteur du luxe se prépare à une éventuelle relance.
Le second semestre 2025 pourrait s’avérer décisif pour une industrie qui, malgré les turbulences, conserve son attrait structurel.
L’innovation, la diversification géographique et une clientèle évolutive seront au cœur des stratégies des grandes maisons pour rebondir durablement.
La chute de 70 milliards de dollars des fortunes combinées de Bernard Arnault, Françoise Bettencourt Meyers et François Pinault résulte principalement de la baisse de la demande mondiale pour les produits de luxe, du ralentissement des achats chinois et de l’instabilité politique en France.
Crédit photographie : © Louis Vuitton
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