Paris, le 17 Juillet 2023
Les maisons de luxe italiennes, réputées pour leur féroce indépendance, ont commencé à mettre en avant un esprit de collaboration pour protéger leurs chaînes d’approvisionnement et soutenir l’artisanat local.
Cette coopération stratégique a pris forme dans des investissements conjoints dans des ateliers et des entreprises de fabrication de matières premières.
Dans un mouvement récent, Prada et Ermenegildo Zegna ont acquis une participation minoritaire dans la société de tricots Luigi Fedeli et Figlio, basée à Monza, au nord de Milan.
Fondée en 1934, cette entreprise familiale est spécialisée dans le cachemire et les pulls.
Elle dispose d’une présence significative avec 13 boutiques de marque propre et environ 400 magasins multimarques à travers le monde.
Prada et Zegna n’en sont pas à leur premier essai en termes de collaboration.
En 2021, ils ont investi ensemble dans Filati Biagioli Modesto SpA, un de leurs fournisseurs qui se spécialise dans la production de cachemire et d’autres fils de luxe.
Patrizio Bertelli, principal actionnaire et président du groupe Prada, a déclaré que ces investissements avaient pour mission de soutenir et de développer ces entreprises.
L’importance de ces partenariats ne peut être sous-estimée.
Ils assurent la traçabilité des produits, assurent une qualité irréprochable et contribuent à maintenir la réputation des marques.
De plus, ils aident à protéger les petites entreprises artisanales italiennes qui, pendant des décennies, ont été le cœur battant de l’industrie du luxe.
Cependant, cette coopération croissante se déroule dans un contexte de concurrence féroce avec les géants du luxe français.
LVMH et Kering ont également effectué des acquisitions stratégiques en Italie, cherchant à intégrer davantage la production pour contrôler la qualité, la traçabilité et la rapidité de mise sur le marché de leurs produits.
Les sociétés de capital-investissement ont également identifié le potentiel du secteur, regroupant les fournisseurs dans de plus grandes entités pour capitaliser sur cette opportunité d’investissement.
Mais en dépit de ces pressions concurrentielles, il semble que les marques de luxe italiennes soient désormais plus disposées à travailler ensemble.
Ce changement d’attitude a été particulièrement visible pendant la pandémie de COVID-19, une période qui a testé la résilience de l’industrie et a renforcé l’importance de la collaboration.
Cependant, bien que cette coopération s’accumule soit une évolution positive, cela ne signifie pas nécessairement qu’une vague de fusions est à prévoir dans le secteur du luxe italien.
Comme l’a souligné Roberto Costa, responsable de Global Luxury Investment Banking pour Citigroup, cette plus grande disposition à travailler ensemble n’implique pas des consolidations à grande échelle.
Ce qui est certain, c’est que l’avenir du secteur du luxe italien repose sur une collaboration plus étroite entre les marques.
Qu’il s’agisse d’investissements conjoints dans les fournisseurs ou d’une coopération stratégique pour conquérir de nouveaux marchés, la préservation de l’héritage “made in Italy” semble être une priorité pour ces maisons de luxe.
Et tandis que l’avenir réserve son lot d’incertitudes, une chose reste certaine : le luxe italien est plus résilient que jamais.
Photographie : Le Monde
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