Paris, le 8 septembre 2024 –
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Hong Kong, autrefois l’épicentre du luxe en Asie, est désormais le théâtre d’une transformation radicale. Les quartiers commerçants autrefois synonymes d’opulence, tels que Tsim Sha Tsui et Causeway Bay, subissent une crise sans précédent.
Les vitrines autrefois brillantes, décorées par des marques iconiques comme Tiffany, Cartier, et Burberry, se retrouvent maintenant désertes ou occupées par des locataires moins prestigieux.
Cette métamorphose reflète non seulement un changement dans les habitudes de consommation, mais aussi un affaiblissement plus large de l’économie hongkongaise.
Le centre commercial Heritage 1881, un joyau du quartier de Tsim Sha Tsui, en est l’exemple le plus frappant. Jadis une destination incontournable pour les touristes chinois fortunés, ce centre est aujourd’hui en grande partie vide.
Sur les plus de 30 boutiques qu’il abritait, seules trois sont encore ouvertes. Les allées à colonnades autrefois animées sont désormais silencieuses, symbole d’une ère révolue.

La crise dépasse largement les murs du 1881 Heritage.
À proximité, sur Canton Road, un espace commercial autrefois loué par Omega pour près de 7,5 millions de dollars hongkongais par mois, est désormais occupé par une banque à un loyer réduit de 80 %.
A Causeway Bay, un fast-food sur le thème des Transformers a pris la place de Burberry, avec un loyer réduit de 89 % par rapport à ce que la marque britannique payait en 2019.
La chute spectaculaire des dépenses de luxe est un symptôme d’une crise économique plus large.
Selon les chiffres officiels, les ventes de produits de luxe à Hong Kong, incluant les bijoux, montres et autres articles haut de gamme, ont baissé de 42 % par rapport à 2018.
Les espoirs d’une reprise post-pandémie ont été déçus. Alors que les frontières avec la Chine continentale ont rouvert début 2023, les touristes chinois, autrefois la pierre angulaire du commerce de luxe à Hong Kong, se font rares et dépensent bien moins que par le passé.
Le marché immobilier, autre pilier de l’économie hongkongaise, est également en difficulté.
Les prix ont atteint leur plus bas niveau en huit ans, et les bureaux vacants se multiplient. L’indice boursier de Hong Kong est aujourd’hui parmi les plus faibles au monde, ajoutant au malaise ambiant.
Les grandes marques de luxe ne sont pas totalement en retrait.
Certaines, comme Prada, parient encore sur des emplacements clés tels que le K11 Musea, un centre commercial prestigieux, où les loyers sont partiellement basés sur les ventes.
Mais même ces stratégies prudentes montrent la nervosité des acteurs du luxe face à un marché autrefois considéré comme acquis.
Le déclin de Hong Kong en tant que centre de luxe illustre un phénomène plus large : une dépendance excessive à un marché unique, la Chine continentale, qui expose les entreprises à des risques considérables lorsque ce marché change de cap.
Alors que le yuan faiblit et que l’économie chinoise stagne, les marques qui ont fait fortune en vendant aux nouveaux riches chinois sont confrontées à une réalité brutale.
En conséquence, les perspectives de croissance pour Hong Kong, qui a longtemps profité de sa proximité avec la Chine, semblent sombres.
Le cercle vertueux qui alimentait la consommation – revenus en hausse, effets de richesse, et bénéfices des entreprises – est en panne.
Le marché mondial du luxe, jadis dominé par l’appétit insatiable des consommateurs chinois, devient de plus en plus incertain.
Pour Hong Kong, l’espoir de retrouver sa gloire passée dans le secteur du luxe semble lointain. « Il ne faut même pas envisager de revenir à la situation de 2013 et 2014 », déclare Edwin Lee, fondateur de Bridgeway Prime Shop Fund Management Ltd.
Selon lui, il faudra au moins quatre à cinq ans pour revenir aux niveaux de 2018 et 2019, et même cela reste incertain.
Alors que le gouvernement local tente de relancer l’économie par des initiatives telles que des événements de grande envergure et des incitations au tourisme, la confiance des investisseurs reste fragile.
La transition d’une économie florissante axée sur le luxe à une ère de frugalité marque la fin d’un chapitre pour Hong Kong, et l’ouverture d’une période d’incertitude économique qui pourrait bien redéfinir l’avenir de la ville.
Crédit photographie : Bloomberg
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