Paris, le 27 novembre 2024 –
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Le secteur de l’artisanat spécialisé en France, souvent célébré pour son rôle central dans la production de biens de luxe, affiche désormais un chiffre d’affaires cumulé de 68 milliards d’euros, dépassant celui de l’industrie pharmaceutique.
Cette nouvelle, révélée par une étude de l’Institut pour les savoir-faire français, souligne une dynamique économique et culturelle souvent sous-estimée.
Une revalorisation des métiers d’art
L’artisanat français, regroupant des métiers aussi divers que la maroquinerie, la céramique ou la verrerie, emploie un demi-million de travailleurs, dont 280 000 salariés.
Cette catégorie, reconnue pour ses savoir-faire ancestraux, gagne aujourd’hui en reconnaissance économique.
Avec 198 métiers d’art reconnus et 83 spécialités recensées, le secteur ne se contente plus d’incarner un patrimoine culturel : il devient un moteur économique et un levier stratégique d’exportation.
« Ces chiffres changent profondément notre regard sur les métiers d’art. Ils ne sont plus simplement les gardiens de traditions, mais aussi des acteurs clés du rayonnement économique français », déclare Luc Lesénécal, président de l’Institut pour les savoir-faire français.
L’ombre de l’industrie pharmaceutique
À titre de comparaison, le secteur pharmaceutique a généré 62 milliards d’euros en 2022, selon le lobby Leem.
Bien que ce dernier regroupe 234 000 entreprises, son poids économique est désormais éclipsé par celui de l’artisanat spécialisé.
Cependant, les défis persistent. Le manque de données fiables, longtemps observé par les experts du secteur, a limité la visibilité et les investissements dans ces métiers.
L’étude récente, financée par la Fondation Bettencourt Schueller et soutenue par le Comité Colbert et le ministère de la Culture, marque un tournant. « Cette étude offre enfin des indicateurs clairs, essentiels pour développer des actions ciblées et convaincre les investisseurs », explique Jérémy Robiolle, directeur du développement chez Xerfi Specific.
Une jeunesse attirée par l’artisanat
Contrairement aux stéréotypes, les métiers d’art attirent une population jeune et dynamique. Selon le rapport, 40 % des salariés ont moins de 35 ans, et 55 % des chefs d’entreprise sont des femmes.
Cette féminisation et ce renouvellement générationnel redéfinissent les contours d’un secteur souvent perçus comme figés.
Toutefois, les entreprises doivent relever un défi critique : une pénurie de talents.
Les entreprises de luxe, qui représentent une part significative de l’artisanat spécialisé, cherchent à voir près de 20 000 postes en 2024.
Bénédicte Epinay, directrice générale du Comité Colbert, avertit : « Malgré son potentiel de croissance, le secteur est fragile. Il manque encore de formations adaptées et souffre d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. »
Une puissance régionale
Le rapport souligne également la dimension régionale du secteur, avec des spécialités distinctes telles que la maroquinerie dans le sud-ouest, la verrerie dans le nord-est, et la céramique en Provence.
Ces ancrages régionaux renforcent non seulement l’économie locale mais aussi le rayonnement culturel du pays.
L’artisanat : une force sous-estimée
Alors que la France se tourne vers des mesures d’austérité pour réduire son déficit, le lobbying en faveur de l’artisanat pourrait jouer un rôle clé. « Cette étude permet aux chefs d’entreprise de prendre conscience de leur poids économique. Ils peuvent être fiers de leur contribution », conclut Xavier Long, directeur adjoint de l’Institut.
En cette période de transition économique, l’artisanat spécialisé se positionne comme un acteur stratégique, redonnant ses lettres de noblesse à des métiers longtemps relégués au second plan.
À l’heure où les finances publiques sont sous pression, cette révélation pourrait bien inciter à une revalorisation nationale et européenne de ces savoir-faire d’exception.
Un avenir prometteur se dessine pour ces métiers, où tradition et innovation se rencontrent, avec une ambition claire : inscrire l’artisanat français au cœur de l’économie mondiale.
L’étude révèle que l’artisanat spécialisé en France génère un chiffre d’affaires de 68 milliards d’euros, dépassant les 62 milliards d’euros du secteur pharmaceutique en 2022.
Le secteur emploie environ 500 000 personnes, dont 280 000 salariés, et représente une force économique et culturelle majeure.
Crédit photographie : © Louis Vuitton
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