Paris, le 6 septembre 2024 –
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L’industrie horlogère suisse, un bastion du luxe mondial, se trouve à un tournant critique alors que plusieurs marques de renom se tournent vers le gouvernement pour obtenir une aide financière face à une baisse marquée de la demande.
Parmi les premières à confirmer leur recours à ce soutien figurent Girard-Perregaux et Ulysse Nardin, toutes deux appartenant au groupe Sowind.
Cette démarche met en lumière une crise latente qui pourrait avoir des répercussions profondes sur le secteur du luxe.
La décision du groupe Sowind de placer environ 15 % de ses 320 salariés en chômage partiel, avec le soutien d’un programme gouvernemental, reflète les difficultés auxquelles l’industrie est confrontée.
Selon Patrick Pruniaux, PDG de Sowind, il s’agit « pour l’instant d’une petite crise horlogère, légèrement déconnectée de la conjoncture ». Pourtant, la situation pourrait perdurer, notamment en raison d’une demande morose sur des marchés clés tels que la Chine, qui avait jusqu’alors alimenté la croissance effrénée du secteur.
Depuis le début de l’année, une quarantaine d’entreprises du canton du Jura, une région emblématique de l’horlogerie suisse, ont déjà déposé des demandes d’indemnités de chômage partiel.
Cette montée en flèche des demandes contraste avec le début de l’année, où seules cinq entreprises avaient sollicité une telle aide.
Cela témoigne de l’ampleur du ralentissement, exacerbé par une baisse des exportations de montres suisses de 2,4 % en valeur au cours des sept premiers mois de l’année.
Les marques positionnées sur un segment légèrement moins exclusif, telles que celles du groupe Sowind, semblent particulièrement touchées.
En revanche, des géants comme Rolex et Patek Philippe, qui dominent le marché des montres ultra-luxueuses, ont mieux résisté à la tempête.
Cependant, les effets de la crise se font sentir même parmi les plus grands noms de l’horlogerie, comme en témoignent les difficultés rencontrées par Richemont, propriétaire de Vacheron Constantin, et le Swatch Group, propriétaire d’Omega, dont les ventes en Chine ont plongé.
Lors des Geneva Watch Days, les dirigeants des grandes maisons horlogères ont tenté de faire bonne figure, tout en reconnaissant la gravité de la situation.
Georges Kern, PDG de Breitling AG, a déclaré que certains fournisseurs avaient pris jusqu’à huit semaines de vacances en réponse au ralentissement, illustrant les mesures drastiques prises pour gérer la crise.
De son côté, Jean-Christophe Babin, PDG de Bulgari, a souligné que la crise en Chine pourrait se prolonger pendant des mois, mais que sa marque pourrait en atténuer les effets grâce à une concentration sur les montres pour femmes et une production majoritairement internalisée.
Pour l’industrie horlogère suisse, cette crise représente un défi de taille.
Bien que le programme de soutien gouvernemental offre un répit temporaire, l’avenir reste incertain, surtout si la demande en Chine ne montre pas de signes de reprise significative avant 2025, comme l’anticipe Patrick Pruniaux.
Dans l’intervalle, les horlogers suisses devront naviguer habilement dans ces eaux troubles, en espérant que la prudence financière et la résilience de leurs marques permettront de surmonter cette tempête économique.
Les Geneva Watch Days ont été une occasion pour les dirigeants des grandes maisons horlogères de discuter des défis actuels et de faire face à la crise avec résilience.
Certains ont exprimé leur optimisme, tout en reconnaissant la nécessité de mesures prudentes pour gérer la situation actuelle.
Crédit photographie : Geneva Watch Days
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