Paris, le 11 février 2025 –
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Le groupe de luxe Kering a annoncé un chiffre d’affaires de 4,39 milliards d’euros au quatrième trimestre 2024, marquant un recul de 12 % en données comparables.
Si ces résultats surpassent les prévisions des analystes qui anticipaient un repli de 15 %, ils confirment néanmoins la période de turbulence traversée par le propriétaire de Gucci, Saint Laurent et Balenciaga.
Gucci, qui représente 63 % du résultat opérationnel du groupe, a particulièrement déçu avec une baisse de 24 % de ses ventes organiques, une contre-performance supérieure à celle attendue par le consensus (-23 %).

La marque, en crise prolongée, peine à se relancer après le départ précipité de Sabato de Sarno, sans successeur annoncé à la direction créative.

Une dynamique contrastée au sein du portefeuille
Au sein du groupe, les performances varient.
Saint Laurent recule de 8 %, tandis que le pôle des autres maisons(incluant Balenciaga et Alexander McQueen) enregistre une baisse plus modérée de 4 %.

Seule exception notable, Bottega Veneta affiche une croissance de 12 %, mais l’arrivée prochaine de Louise Trotter à la direction artistique ouvre une période de transition.

En revanche, la division lunettes et corporate tire son épingle du jeu avec une hausse de 10 % des ventes comparables, confirmant la diversification stratégique engagée par le groupe.

Le résultat opérationnel courant de Kering a chuté de 46 % sur l’ensemble de l’année, atteignant 2,55 milliards d’euros, tandis que la marge opérationnelle est passée de 24,3 % en 2023 à 14,9 % en 2024. Le bénéfice net a également reculé de 62 %, s’établissant à 1,13 milliard d’euros.

Gucci : une reconstruction sous haute surveillance
L’attention du marché se porte désormais sur la relance de Gucci, dont la stratégie doit être clarifiée. Stefano Cantino, entré en fonction comme PDG de la marque en janvier, est attendu sur un plan de redressement concret, incluant un repositionnement créatif et marketing.
« Une communication claire de la part de la nouvelle direction de Gucci sera cruciale », souligne Jelena Sokolova, analyste actions senior chez Morningstar. « Un aperçu de leur stratégie – que ce soit par le biais d’un marketing renforcé, d’une vision créative renouvelée ou d’investissements ciblés – serait déterminant pour restaurer la confiance des investisseurs. »
Un groupe à la traîne face à ses concurrents
Les résultats de Kering apparaissent en net retrait face à ses principaux rivaux du luxe. La division mode et maroquinerie de LVMH a limité sa baisse à 1 %, tandis que Richemont a surpris le marché avec une croissance de 10 % sur la même période.
Hermès publiera ses résultats du quatrième trimestre vendredi, et les investisseurs scruteront sa capacité à maintenir sa dynamique de croissance.
Une discipline financière accrue pour 2025
Face à ce contexte, Kering adopte une posture prudente.
Son conseil d’administration a décidé de réduire le dividende à 6 euros par action, contre 14 euros l’an dernier, reflétant la baisse des performances financières et les investissements engagés.
Dans une année difficile, nous avons accéléré la transformation de plusieurs de nos Maisons et avons agi avec détermination pour consolider nos marques et nourrir leur désirabilité sur le long terme.
Dans l’ensemble du Groupe, et chez Gucci en premier lieu, nous avons pris des décisions déterminantes pour accroître l’impact de notre communication, rendre plus pertinentes nos stratégies produit, continuer à élever la qualité de notre distribution, et cela dans le respect de l’héritage créatif qui distingue nos Maisons.
Nous avons renforcé notre organisation et l’efficacité de nos opérations, procédé à des recrutements clés, et gagné en agilité.
Nos efforts doivent rester soutenus et nous sommes confiants d’avoir amené Kering à un point de stabilisation, à partir duquel nous reprendrons progressivement notre trajectoire de croissance.
Francois-Henri Pinault
Reste à savoir si cette stratégie suffira à convaincre les investisseurs, alors que Kering évolue dans un marché du luxe en pleine recomposition.
Gucci souffre d’une baisse de désirabilité et d’une période d’incertitude créative après le départ de Sabato de Sarno.
Le repositionnement de la marque et l’évolution de son offre produits seront déterminants pour son redressement.
Crédit photographie : Kering
Crédit graphique financier : Kering
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