Paris, le 18 septembre 2024
Le groupe de luxe italien Ermenegildo Zegna a enregistré une croissance de ses revenus de 6 % au premier semestre 2024, atteignant 960,1 millions d’euros.
Cependant, derrière cette progression se cache une baisse inquiétante de la rentabilité.
Le bénéfice net a chuté de 40 %, passant de 52,1 millions d’euros à 31,3 millions d’euros, et le résultat opérationnel ajusté a reculé de 33 % à 80,9 millions d’euros.
Gildo Zegna, président-directeur général du groupe, a admis que les performances « n’étaient pas celles que nous attendions ».
Ce recul est notamment dû à une concentration accrue des dépenses marketing au premier semestre et à la volonté de maintenir une stratégie d’investissement ambitieuse malgré un contexte global difficile pour l’industrie du luxe.
Une prudence face aux vents contraires
Zegna, en bon marin qu’il est, semble adopter une approche pragmatique, évoquant « des vents contraires » dans des marchés clés, en particulier la Chine. « Même si la situation ne va probablement pas changer radicalement dans un futur proche, nous restons engagés sur le long terme. Nous devrons naviguer avec prudence, notamment en 2025, en raison des incertitudes persistantes », a-t-il déclaré.
Il a ajouté que la demande en Chine, souvent considérée comme un moteur de la croissance dans le secteur du luxe, stagnait. « Nous devons réagir à cette nouvelle réalité et réajuster nos priorités sans compromettre nos ambitions. »
Thom Browne sous pression
Le segment Thom Browne, acquis en 2018 et considéré comme une pièce maîtresse de la stratégie de diversification du groupe, a particulièrement souffert.
Ses ventes ont chuté de 27 % au premier semestre, affectées par la rationalisation de son réseau wholesale et le ralentissement en Asie. « La situation est mouvementée, et cela va probablement perdurer au second semestre », a confié Zegna, bien qu’il ait affirmé son soutien sans faille à Rodrigo Bazan, le PDG de la marque.
Dans un contexte difficile, la réorganisation interne chez Thom Browne semble cruciale pour son redressement.
Le groupe mise sur l’embauche de talents supplémentaires dans le merchandising et le marketing afin de réorienter son positionnement et de regagner sa clientèle, particulièrement en Asie.
Des nouveaux magasins phares à New York, Los Angeles et Tokyo sont également prévus.
Stratégie de long terme et investissements ciblés
Bien que la rentabilité ait baissé, Zegna ne compte pas réduire les investissements dans des initiatives clés. « Nous traversons une phase de normalisation, mais cela ne signifie pas que nous allons reporter des projets majeurs. Il s’agit de prioriser intelligemment, en mettant l’accent sur ce qui stimulera la croissance à long terme », a-t-il affirmé.
Parmi ces projets, la Villa Zegna, une expérience immersive exclusive destinée aux clients VIP, récemment inaugurée à New York, a rencontré un succès retentissant. « En seulement six jours, nous avons généré plus de revenus que certains de nos magasins américains sur une année entière », a révélé Zegna.
Le concept pourrait prochainement s’étendre en Asie, un marché clé pour le groupe.
En outre, Zegna prévoit l’ouverture en 2025 de Salotto Zegna, un espace privé réservé aux clients les plus privilégiés, dans ses principales boutiques mondiales.
Ce nouvel axe stratégique vise à renforcer la perception de rareté et d’exclusivité, deux piliers de la stratégie du groupe pour se différencier dans un secteur de plus en plus concurrentiel.
Tom Ford : Cap sur Paris et Haider Ackermann
En ce qui concerne Tom Ford Fashion, la nomination du créateur Haider Ackermann en tant que directeur artistique constitue l’une des principales actualités du groupe.
Sa première collection sera dévoilée à la Fashion Week de Paris en mars prochain, marquant une nouvelle étape pour la marque dans l’univers du luxe féminin.
Ackermann, connu pour son travail à Canada Goose et ses créations avant-gardistes, a d’ores et déjà annoncé son intention de renforcer les collections de vêtements pour femmes et d’accessoires. « Nous pensons qu’il a l’énergie et la vision nécessaires pour faire évoluer Tom Ford vers une nouvelle ère », a déclaré Zegna.
La décision de présenter la collection à Paris souligne la volonté de la marque de s’inscrire dans le calendrier des grandes maisons internationales.
Une année de transition
Zegna qualifie 2024 d’« année de transition », marquée par des défis économiques et géopolitiques, mais aussi par des opportunités de repositionnement stratégique. « Nos trois marques principales – Zegna, Thom Browne et Tom Ford – se complètent bien, mais nous devons les ajuster aux dynamiques régionales et sectorielles pour maximiser leur potentiel », a-t-il déclaré. Il insiste également sur la nécessité de gérer les stocks avec précaution et de maintenir une rigueur accrue sur les coûts.
Si les résultats financiers du premier semestre ont été décevants, Zegna garde un œil sur l’avenir, avec des perspectives de croissance à long terme et une confiance inébranlable dans la capacité du groupe à traverser cette période difficile. « Le luxe doit évoluer. Ceux qui réussissent seront ceux qui s’adaptent tout en restant fidèles à leur ADN », a-t-il conclu.
Avec des initiatives telles que Villa Zegna et Salotto Zegna, la stratégie de différenciation par l’exclusivité pourrait bien être l’atout clé du groupe pour regagner en rentabilité dans un marché mondial de plus en plus exigeant.
Le groupe a enregistré une croissance de 6 % de son chiffre d’affaires, atteignant 960,1 millions d’euros.
Cependant, le bénéfice net a chuté de 40 % à 31,3 millions d’euros, et le résultat opérationnel ajusté a baissé de 33 %.
Crédit photographie : Zegna
Opportunité de carrière M&M : Talents
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